Et si c’était plus que de la chicane ?

Et si c’était plus que de la chicane ?

« Chaque fois que je suis avec mon amie et que son conjoint est présent, ils finissent immanquablement par s’engueuler à propos de tout et de rien. Est-ce simplement un couple qui va mal ou se pourrait-il qu’il y ait de la violence là-dessous? Jamais mon amie n’aborde cette question avec moi. »

Des situations comme celle-là suscitent en nous des interrogations : que se passe-t-il quand ils sont seuls tous les deux ? Quand nous sommes témoins, malgré nous, d’une tension dans un couple, nous ne savons pas toujours quel sens donner à ce qui se passe: est-ce une dispute, un conflit, une crise… Rarement oserons-nous aller jusqu’à songer à de la violence conjugale, par méconnaissance, par doute, peut-être. Et comme la violence conjugale s’exerce habituellement à l’abri des regards, nous avons bien peu d’indices pour décider s’il s’agit ou non de violence.

Au Québec, depuis plusieurs années, la violence conjugale est considérée comme un problème social et elle doit être dénoncée. En fait, nous sommes de plus en plus nombreux à nous sentir concernés et plus encore lorsque nos proches semblent en être les victimes ou encore les auteurs. La question est donc: comment savoir si c’est une chicane de couple ou de la violence?

Ce fascicule du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale s’adresse à ceux et celles qui peuvent être témoins d’une « chicane de couple », de même qu’aux proches qui désirent comprendre ce qui distingue une chicane de couple de la violence conjugale et qui aimeraient réagir. Parce que notre réaction peut faire toute la différence !

Cette brochure propose une série de questions qui sont autant de pistes ou d’indices pouvant aider à différencier la violence conjugale de la chicane de couple. Suivent quelques balises pouvant guider les proches qui veulent réagir devant une situation de violence conjugale.

On y parle notamment des quatre critères permettant d’évaluer une situation, soit: le type d’agression, le gain recherché, l’impact et l’explication. S’ajouteront également deux indices importants: la répétition de l’agression et le partage de pouvoir dans une relation de couple.

Comment réagir ?

La violence conjugale est une problématique très complexe, dont la résolution s’inscrit dans un projet de société où nous sommes toutes et tous interpellés. Il est donc important de dénoncer la violence conjugale et de réagir. Si nous sommes témoins d’une scène de violence et que nous craignons pour la sécurité de la victime, contacter les policiers peut faire toute la différence, même si nous n’avons pas la certitude qu’il s’agit de violence conjugale. Si nous soupçonnons qu’une amie, une sœur ou une collègue est victime de violence conjugale ou bien qu’un collègue de travail ou un beau-frère exerce un contrôle sur sa conjointe, nous avons, en tant que proches, un rôle à jouer.

Parce que ne rien faire envoie à l’agresseur le message que nous sommes en accord avec le recours à la violence pour exercer du pouvoir sur l’autre. Ainsi, comme il n’a pas à faire face aux conséquences de ses actes, l’agresseur comprend qu’il peut continuer à agir ainsi en toute légitimité. Parce que ne rien faire maintient la victime dans l’impuissance. Elle comprend qu’elle n’aura pas le soutien des autres, qu’elle doit se débrouiller par elle-même et que, finalement, si elle se retrouve dans cette situation, c’est un peu sa faute! Réagir donc, mais avec doigté et prudence. Il faut toujours s’assurer que nos réactions ne fragilisent pas la victime, ne la mettent pas en danger et, surtout, ne renforcent pas le sentiment de légitimité de l’agresseur, ni son pouvoir sur elle. Deux mises en garde s’imposent.

Éviter de réagir à la violence conjugale comme si c’était une chicane de couple

Devant une situation de violence conjugale, il n’est aucunement recommandé de proposer de suivre une thérapie axée sur l’amélioration de la communication dans le couple ou, encore, de suivre des ateliers sur la gestion de la colère. Pas plus que d’encourager le couple à discuter ensemble de la source du conflit. En agissant de cette façon, nous envoyons à la victime le message qu’elle est sur un pied d’égalité avec l’agresseur et que ce dernier cherche de bonne foi à trouver une solution. Encourager le couple à discuter de la situation peut donner des munitions à l’agresseur pour les prochaines agressions, c’est-à-dire qu’il apprend ce qui fait peur à la victime. Celle-ci se trouve donc confrontée à quelqu’un qui se sait plus fort qu’elle et qui ne veut pas réellement négocier.

Éviter de confondre l’agresseur avec la victime

Il arrive parfois que la victime réagisse, se défende. Il faut éviter, dans ce cas, de confondre l’agresseur avec la victime, sinon nous plaçons celle-ci encore plus dans une situation d’impuissance, puisqu’elle n’est pas reconnue comme telle et nous la tenons responsable de l’agression. Cela renforce l’agresseur dans sa croyance qu’il est «au-dessus de la loi», car non seulement le fait d’avoir exercé de la violence sur sa conjointe n’entraîne pour lui aucune conséquence, mais en plus, il est protégé et cautionné, étant vu comme la victime.

Réagir en tant que proche

Si nous sommes proches de la victime, nous pouvons l’aider par des actions telles que:

  • tenter de comprendre ses peurs, ses doutes, sa culpabilité ou sa honte ainsi que l’effet qu’a le cycle sur elle plutôt que de la blâmer ou la juger;
  • rompre son isolement et maintenir un lien avec elle, même si l’agresseur fait tout pour l’isoler;
  • ouvrir le dialogue sur les perceptions qu’elle a de la situation et ne jamais parler contre l’agresseur;
  • rester centré sur elle, sans jamais prendre de décision à sa place;
  • l’informer et l’aider à trouver des ressources si elle le demande.

Si nous sommes plutôt proches de l’agresseur, et que le contexte est suffisamment sécuritaire, nous pouvons:

  • affirmer que la violence est inadmissible et que personne ne mérite d’en subir, peu importe qui elle est, ce qu’elle dit ou ce qu’elle fait;
  • refuser les justifications de la violence;
  • lui faire savoir que son comportement violent n’est pas acceptable;
  • l’informer des ressources existantes.

Au Québec, il existe une variété de ressources qui viennent en aide aux femmes victimes de violence conjugale et à leurs enfants. Il y a également des ressources disponibles pour les hommes agresseurs. Vous obtiendrez de l’information sur l’ensemble de ces ressources en communiquant avec SOS Violence conjugale, une ligne téléphonique accessible 24 heures sur 24, sept jours sur sept, au 1 800 363-9010.

Parmi ces ressources, il existe un réseau de maisons d’aide et d’hébergement implantées dans toutes les régions du Québec. Elles offrent différents services aux femmes victimes de violence conjugale et à leurs enfants. Vous pouvez les joindre directement par téléphone ou par l’intermédiaire de SOS Violence conjugale.

De plus, une visite au www.maisons-femmes.qc.ca vous permettra d’en apprendre davantage sur la violence conjugale, y compris sur le cycle de la violence grâce à la brochure La violence conjugale, c’est quoi au juste?

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HORIZON POUR ELLE

La maison Horizon pour Elle est ouverte 24h24. Nous offrons des services d’aide et d’hébergement accessibles, sécuritaires, gratuits et confidentiels pour les femmes victimes de violence conjugale (avec ou sans enfants). Services disponibles en français et en anglais.

Vous pouvez nous joindre en tout temps en appelant au 450 263-5046 ou en écrivant à direction@horizonpourelle.asosolution.com.


What if it was more than just an argument?

Every time I’m with my friend and her husband is present, they inevitably start yelling at each other about anything and everything. Are they simply going through a rough patch, or might there be violence involved? My friend has never said anything to me about it.

Such situations lead us to wonder: What happens when they are alone together? When we witness tension in a relationship, we do not necessarily know how to interpret the situation: Is it an argument, a conflict, a crisis?… Due to ignorance—or maybe even doubt—we rarely ever think of conjugal violence. And since conjugal violence usually occurs behind closed doors, we have very little to go on to determine whether or not violence is involved.

In Québec, conjugal violence has been considered a social problem for several years, and as such, it must be denounced. An increasing number of us feel concerned—even more so when a loved one is a victim or perpetrator. The question, then, is: How can you tell if it’s an argument or violence?

This brochure from le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale is intended for people who may witness an argument between a couple, as well as for loved ones who want to know the difference between an altercation and conjugal violence and would like to respond. Your reaction can make a difference!

This brochure alors offers a series of questions that serve as an aid and can provide tools that may help differentiate conjugal violence from an altercation. There are a few guidelines to help loved ones react to an incident of conjugal violence.

In particular, it discusses the four criteria for assessing a situation: the type of aggression, the desired gain, the impact and the explanation. There are also two important clues to take into consideration: the repetitiveness of the aggressive behaviour and equal power in the relationship.

How should you respond?

Conjugal violence is a very complex issue, and resolving it requires the involvement of all of society; we all need to do our part. It is therefore important to react and denounce conjugal violence.

If you witness violence and fear for the victim’s safety, contacting the police can make a difference, even if you are not sure that this is a case of conjugal violence. If you suspect a friend, sister or colleague might be a victim of conjugal violence, or a colleague or brother-inlaw might be controlling his spouse, you need to do your part as a loved one.

Doing nothing sends the perpetrator a clear message that you agree with using violence to control someone. Since he does not need to answer for his actions, the perpetrator believes his behaviour is justified.

Because doing nothing keeps the victim in a position of powerlessness. She understands that no one supports her, she needs to deal with this on her own and it may be her fault that she is in this predicament! You therefore need to act cautiously and with tact. Always make sure that your reaction does not weaken the victim, does not put her in harm’s way and, most importantly, does not reinforce the perpetrator’s legitimacy or his power over her. Two important things to watch out for.

Avoid responding to conjugal violence as though it were a couple’s argument

When it comes to conjugal violence, you should never recommend therapy in hopes of improving the couple’s communication or anger management. Encouraging the couple to talk about the source of the conflict is also unhelpful.

This sends the victim the message that she is on equal footing with the perpetrator and that he sincerely wants to change. Encouraging the couple to discuss the situation can give the perpetrator ammunition for future aggressions—i.e. learning the victim’s fears. She then finds herself with someone who knows he is stronger than her and has no real desire to negotiate.

Make sure you don’t confuse the victim for the perpetrator

Victims sometimes retaliate to defend themselves. In this case, you need to be careful not to confuse the victim for the perpetrator—this can put her in an even more powerless situation, because she is not seen as the victim and is now being held accountable for her aggressive actions. This reinforces the partner’s belief that he is above the law; not only did the violence hold no consequence for him, he is also protected and legitimized, being seen as a victim.

Responding as a loved one

If you are close to the victim, you can help her by:

  • trying to understand her fears, doubts, guilt or shame, along with the impact the cycle has on her rather than blaming or judging her
  • breaking her isolation and maintaining ties with her, even though the perpetrator is doing everything he can to isolate her
  • discussing how she sees the situation and never bad-mouthing the partner
  • keeping the focus on her, without ever making decisions for her
  • informing and helping her find resources, if she asks.

 

If you are close to the perpetrator, on the other hand, and you are in a safe enough position, you can:

  • say that violence is unacceptable and that no one deserves to be treated that way, regardless of who she is, what she says or what she did
  • refuse to accept justifications for violence
  • tell him that his behaviour is unacceptable
  • inform him of resources available.

In Quebec, there are a variety of resources that help women who are victims of domestic violence and their children. There are also resources available for male aggressors. You will get information on all of these resources by contacting SOS Domestic Violence, a 24-hour, seven-day-a-week telephone line at 1-800-363-9010.

Among these resources, there is a network of help and shelters located in all regions of Quebec. They offer different services to women who are victims of domestic violence and their children. You can reach them directly by phone or through SOS Domestic Violence.

In addition, a visit to the www.maisons-femmes.qc.ca will allow you to learn more about domestic violence, including the cycle of violence through the booklet Domestic Violence, what exactly is it.

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HORIZON FOR HER

Horizon pour elle is open 24 hours a day. We offer accessible, safe, free and confidential support and accommodation services for women who are victims of domestic violence (with or without children). Services available in English and French.

You can reach us at any time by calling 450-263-5046 or by writing to direction@horizonpourelle.asosolution.com.